Un balcon en forêt

Petit focus sur un auteur à découvrir, réalisé par notre super stagiaire Julien!

L’œuvre d’Édouard Louis pourrait passer pour le pendant masculin – ou l'héritier – d'Annie Ernaux. Tous deux ont en effet le souci d'une description sociologique de la France des classes moyennes, et emploient pour ce faire une « plume blanche », simple, courte, efficace.

Dans son premier roman paru en 2014, En finir avec Eddy Bellegueule (Le Seuil), Édouard Louis s'insère dans le genre de l'autofiction. Il nous y raconte la vie de sa famille dans une petite ville ouvrière du nord de la France, marquée par la violence usuelle – alcoolisme, misogyne – la précarité et l'homophobie qui frappe son narrateur de plein fouet.

Depuis, Édouard Louis n'a de cesse de faire de sa vie, et de la vie de sa famille, un écran dans lequel tout un chacun peut se refléter : son « je » autobiographique transcende son état premier, et fait écho à des situations connues par beaucoup. Que ce soit lorsqu'il parle de son père violent (Qui a tué mon père), de l'agression sexuelle dont il a été victime (Histoire de la violence), de son transfuge de classe (Changer : méthode), du destin tragique d'un frère alcoolique (L'Effondrement) ou encore de la libération sociale et physique de sa mère face à l'asphyxie de son mari abusif (Combats et métamorphoses d'une femme, Monique s'évade), Louis met un point d'orgue à dépeindre des faits d'un point de vu socio-politique, où tout est régi par des déterminismes.

Au fil de ses textes, on voit son style s'aiguiser, s'affûter ; chaque parution forme une facette d'un même ensemble qui vise à décrire la vie d'une famille de la classe moyenne française. Sans juger ni condamner jamais, Louis tente de comprendre avant tout, de soulever des problèmes de société concrets. Ses mots à propos d'homosexualité, de violences faites aux femmes ou de la résignation des petites gens sont d'une acuité cinglante. Chaque livre est un chapitre de sa vie, qui vise à dévoiler la violence institutionnelle et familiale, le paradoxe de la masculinité comme seule richesse du pauvre, et plus généralement tous les déterminismes sociaux qui gisent sous couvert d'un libre-arbitre utopique.

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