Coups de cœur

Recoudre la nuit
Parler
C'est souffler sur les braises encore chaudes
de ta présence au monde
C'est tenir l'effroi à distance
Mais ça ne fonctionne pas
Je te perds un peu plus à chaque fois
Que ton nom
Sort de moi
Laura Schlichter sera à la librairie le 28 juin dans le cadre du festival La Poésie est une oreille.
Laura Schlichter

Kuïr
Attention: on ne touche pas
Toucher, est un danger.
Proxémie. Distance d'un bras.
Une société sans plus aucun contact.
Wireless jusqu'au Bancontact.
Plus de 3000 amis-contacts,
Mais plus aucun tact.
Julie Lombé sera à la librairie le samedi 28 juin dans le cadre du festival La Poésie est une oreille.

Folie, fureur et ferveur, oeuvres poétiques
L'ouvrage regroupe les trois derniers recueils rédigés par la poétesse américaine, membre du confessionnalisme morte en 1976. On assiste à l'aboutissement et le mûrissement de la poésie de Sexton, encore et toujours traversée par les mêmes problématiques : sa relation à la féminité, à l'intimité féminin, sa critique féministe des relations homme-femme, et la santé mentale.

Se coltiner grandir
Promets-moi mon amour,
Quand on sera séparés depuis vingt ans,
De revenir une fois.
Comme passer, soir de février,
Sa petite robe de juillet.
(Milène Tournier en rencontre à la librairie le 31 mai prochain, festival La poésie est une oreille)

Khôra
Le soir d'été à Athènes est divin
un vrai lieu la foule légère les rires
les bougies sur les tables avec les bouteilles
un rêve réel une acropole laïque
(Emmanuel Merle en rencontre à la libraire le 31 mai prochain, festival La Poésie est une oreille)

Leurs langues sont des cendres
Mort! Mort aujourd'hui! Mais
mon mort, j'ai parlé avec toi ce mardi.
chez toi, près de l'arbre...Quoi!
Es-tu? Oh, es-tu encore?
Tu me disais la maison et ses travaux,
l'arrosoir percé et l'hibiscus en fleurs,
ces pauvres mots éternels du rien
qui fait nos jours. Où sont-ils, dis?

L'amour n'est pas un champ de bataille

A tous ceux que j'oublie
Gregoire Damon sera présent au Printemps du livre de Grenoble!
Voici un petit extrait de son recueil A tous ceux que j'oublie.
vous êtes ce type sur ses béquilles
qui quête devant le métro
alors que j'ai seulement une pièce de deux euros en poche
et un manuscrit chez tous les éditeurs de Paris

Criques suivi de Deux nuits à Bracelone
Nous retrouverons Katia Bouchoueva au Printemps du livre de Grenoble! Voici un petit extrait de son recueil Criques
Chat chétif et chelou,
de nature arnaqueur,
en douceur, mais glorieux
entre en scène/dans le port

Ce que m'a soufflé la ville
Pérégrinations dans la ville
C'est quand la nuit progressivement
Dans des indifférences de drone, monte et abandonne la ville
Et la nuit, comme une mère affairée ou comme une star,
Nous promet:
Je reviens,
Dors
Je reviens.

Fureur et mystère
Dans ce recueil de René Char qui rassemble les poèmes écrits entre 1938 et 1947, on trouve ce magnifique poème d'amour: Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?
il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. À son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?

Nos territoires
J'ai changé
Je perds ma langue
et je bégaye par culpabilité
aucun des transferts d'argent
n'aura raison de mon absence
aucune de mes réussites ne saura réparer
la douleur de notre séparation
et je sais bien que nous pleurons l'un comme l'autre
une fois que nous avons raccroché
oui je bégaye dans ma propre langue.