Coups de cœur

Un chant d'un seul tenant pour dire sa rage de voir des femmes comme Britney ou Nelly Arcan, privées de la liberté d'être elles-mêmes, hypersexualisées dès l'adolescence, sans que jamais ne soit tenue compte de leur honte, de leur peur, de leur désir. Un texte fort et touchant. 

Chicago 1990, Elizabeth et Jack tombent amoureux et vont vivre ensemble, dormir à deux dans un lit une place, mais petit à petit le couple romantique se voit rattraper par toute une série de dictats liés à la consommation, aux modes de vie, à l'acquisition d'un logement, qui va transformer leur existence. Une radiographie critique des États-Unis à travers l'histoire de ce couple. Très intéressant !

La narratrice retrouve avec émotion l'immeuble modeste de la rue du Château des rentiers où ont vécu ses grands parents maternels, juifs émigrés de Russie dans les années 30, en compagnie de nombreuses autres familles de même origine, recréant dans leur immeuble du XIIIème arrondissement une petite communauté bigarrée et originale, heureuse de vivre, dont elle se souvient avec tendresse. 

Outre la structure savante de la narration, ce qui subjugue dans cette histoire, c'est la manière tragi-comique dont la violence éclate.  La société patriarcale corse est dézinguée, autant que les touristes qui se prennent pour des pionniers sur l'île de Beauté.

Sébastien Dulude fait resurgir toutes les émotions de l'enfance et des premières amitiés dans une langue précise et délicate, empreinte de cet accent canadien si chaleureux, comme si on y était encore. 

Avec Conque, on quitte l'écriture du réel, pour se retrouver dans un royaume inconnu où Martabée, historienne de renom est chargée par l'empereur d'un chantier de fouilles archéologiques. L'enjeu est de consolider la grandeur du royaume en mettant au jour les vestiges d' illustres guerriers-marins,  les Morgondes, qui hantent la mythologie du pays; mais les découvertes vont dévoiler d'autres secrets terrifiants.

Elles auraient pu s'ignorer et ne rien vouloir savoir l'une de l'autre, toutes deux déracinées à Marseille, l'une de Corse et l'autre d'Algérie dans les années 50.  Elles vont devenir amies, à la vie, à la mort.

La narratrice voyage entre le présent de sa mère, victime d'un accident cérébral, et la jeunesse de celle-ci dans l'est ouvrier de l'Angleterre. Entre les deux, une phrase qui va peut-être révéler un secret de famille. 

Des allers-retours judicieux entre l'histoire de la peinture et des personnages inscrits dans la période trouble de l'occupation allemande. A découvrir absolument pour découvrir la face cachée de la création artistique.

Coup de coeur absolu pour ce roman de Toni Morisson, écrit en 1988 (prix pulitzer) et nouvellement traduit par Jukuta Alikavazovic.  C'est l'histoire des esclaves noirs américains et de leur libération à travers le destin tragique de Seth, esclave noire, enfuie, qui a préféré tué sa petite fille plutôt qu'elle ne retombe elle aussi en esclavage. Ce qu'elle a supporté pour elle-même, elle n'est pas prête à l'accepter pour ses enfants. Un grand livre aussi sur les femmes, dans leur rapport aux enfants et aux hommes, aux autres femmes, sur le besoin d'indépendance, mais aussi sur l'importance qu'elles accordent à la maison, la nourriture, au linge, aux petits gestes du quotidien qui permettent parfois de conjurer tout le mal du monde. 

Premier roman. A suivre.

Margaux, architecte de renom, a passé ses étés d'adolescente avec Thomas, écrivain, sa fratrie et leurs deux familles, bourgeoises et protestantes, originaires d'Amsterdam,  dans une maison de campagne en France. Ils y ont eu des rêves d'absolu, d'amour, rêves que la vie a éteints peu à peu, malgré leur éclatante réussite professionnelle, sauf peut-être ceux de Thomas, à l'enterrement duquel tous se retrouvent.